Phytothérapie : une extraordinaire médecine de terrain!

Qu’est-ce que la phytothérapie? Cet article réponde de façon complète à cette question, pour mieux comprendre comment se soigner efficacement avec les plantes.

La phytothérapie est souvent classifiée parmi les médecines douces, parfois dites « parallèles ». Mais il s’agit surtout de la première médecine de l’humanité. Eprouvée par le temps, elle l’est, la phyto, ça c’est certain.

Mais elle a aussi été décriée, discréditée, etc… Devant sa popularité renaissante aujourd’hui, il est essentiel de bien la définir, dans toute sa noblesse et sa puissance. Pour mieux en comprendre la spécificité, et les principes… Et être à même de bénéficier au maximum de ses bienfaits!

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Qu’est-ce que la phytothérapie? L’enjeu d’une définition

Médecine alternative, médecine de terrain… Attention terrain glissant!

J’ai réalisé cet article dans le cadre de mes examens de première année d’herboriste, à l’Ecole Lyonnaise des Plantes Médicinales et des Savoirs Naturels.

Je précise qu’il s’agit donc d’un exercice de réflexion, réalisé à des fins d’apprentissage. J’ai souhaité le partager car il explique bien ce qu’est la phytothérapie, et les principes qui sous-tendent une thérapie par les plantes. Je l’amenderai au besoin suite au retour des enseignants sur mon devoir!

ATTENTION
A noter que le mot médecine est entendu ici au sens de « connaissance et ensemble de techniques dédiées à la prévention et au soin des maladies« . Et en aucun cas à la « pratique exercée par un médecin », qui est protégée et exclusive de cette profession. Ainsi, la pratique du diagnostic est exclusivement pratiquée par les médecins et ne rentre pas dans le champ de la « médecine de terrain » telle que définie ici.

Se soigner par les plantes, ça va je sais… Oui mais tu ne sais peut-être pas tout…

Il me paraît utile de communiquer sur cette définition, car la phytothérapie connaît un énorme regain d’intérêt ces dernières années. On ne compte plus les contributions évoquant telle ou telle vertu de telle ou telle plante.

Cette profusion est à la fois vraiment chouette : elle témoigne de la réhabilitation de l’efficacité et des immenses avantages de la phytothérapie. Mais en même temps elle est problématique, car cela donne l’impression d’une médecine allopathique par les plantes, ce qui est faux!

Cet article explique pourquoi, fondamentalement, la phytothérapie est une médecine résolument holistique. Elle n’est pas approche allopathique (lutte contre UN symptôme avec UN principe actif isolé – caractéristique de la médecine conventionnelle).

La phytothérapie est la première médecine de l’humanité. Des textes antiques témoignent de cette utilisation ancestrale des plantes à des fins thérapeutiques, dans de nombreuses régions du monde.

Cette thérapeutique et les principes qui la sous-tendent ont été déconsidérés à l’avènement de la chimie synthétique, à partir du XIXe siècle.

Devant les limites perçues de la médecine conventionnelle, elle connaît un regain d’intérêt. Elle est enrichie aujourd’hui des apports des sciences et techniques contemporaines. 

Médecine de terrain VS. Médecine allopathique

Les thérapeutiques allopathiques visent à éliminer ou invisibiliser un symptôme, c’est-à-dire “ce qui survient ensemble”, étymologiquement. La médecine et la pharmacie occidentale conventionnelle cherchent typiquement à trouver la molécule qui va contrecarrer au plus vite cette “co-incidence”… Mais ont tendance à négliger les causes de ce symptôme, et le “terrain” sur lequel une maladie a pu s’exprimer.

La phytothérapie, qui a recours aux plantes médicinales dans un but thérapeutique, va, elle, travailler sur les terrains sur lesquels les manifestations d’une problématique ont pu s’exprimer. Elle s’intéresse ainsi :

  • au continuum spatio-temporel de la personne
  • à son contexte socio-environnemental
  • à la globalité des systèmes physiologiques et psychologiques impliqués dans l’expression d’un “mal”… et dans sa guérison!

Ce faisant, la phytothérapie prend en compte les terrains de la personne dans sa globalité – SOMMAIRE DE L’ARTICLE

  • Elle recontextualise le symptôme du consultant (la personne qui consulte, donc 😉 ) dans une temporalité longue (I)
  • Elle se fonde sur un principe de “totum” végétal, à l’échelle de la plante mais aussi des synergies entre plantes. Elle élargit l’action thérapeutique aux causes et aux systèmes physiologiques, et non seulement aux manifestations (II)
  • Enfin, elle soutient remarquablement les capacités d’auto-guérison du corps (III). 

La phytothérapie est donc une thérapeutique ultra-performante… lorsqu’elle est pratiquée et reçue pour ce qu’elle est, c’est à-dire holistique et non allopathique!

1/ La phytothérapie recontextualise le symptôme dans le temps long

Le « terrain », archive biologique d’une personne

Les terrains d’une personne peuvent être appréhendés comme les caractéristiques physiologiques et psychiques acquises et développées au cours de son existence. On peut distinguer plusieurs terrains, comme des couches superposées de papier calque qui viennent définir une personne.

Il y a le terrain congénital, bien sûr, qui correspond aux caractères génétiques qui lui ont été transmis. Mais aussi le terrain neuro-psychique, avec des dimensions innées et acquises culturellement au sein des unités sociales dans lesquelles évolue la personne (société, famille, sphères de sociabilité…)

Et encore le terrain microbien, étant des holobiontes, habités par des hordes de micro-organismes (la flore intestinale représente à elle seule 1 à 2 kg de la masse corporelle d’un adulte!)

Également les terrains structurel (la charpente du corps, os, muscles, tendons…) et humoral (les liquides en milieu intra et extra-cellulaire). Et enfin endocrinien (hormones) et immunitaire (défense du corps contre les intrus). 

Ces terrains reflètent le passé de la personne, et font de son être (corps, âme et esprit) une personne complète… et complexe, multidimensionnelle.

La phytothérapie traite une personne dans sa globalité et son unité : corps, âme et esprit

Lorsqu’une personne vient consulter un phytothérapeute, elle souffre généralement d’un symptôme, identifié par la douleur ou la gêne qu’il lui cause.

Or, cette manifestation présente reflète un passé, on l’a vu. Et d’autre part, le symptôme est souvent perçu sur le plan physique, quand l’expression d’un déséquilibre, en phytothérapie, touche également au plan mental et spirituel. L’approche de la phytothérapie consiste en rééquilibrant les terrains en intervenant sur ces trois sphères concomitamment.

La phytothérapie est donc une pratique holistique, qui prend en compte le passé, le présent dans l’entièreté de la personne… et le futur.

Une médecine de terrain rééquilibre la santé de façon pérenne

La phytothérapie est une médecine informationnelle, qui vise à rééquilibrer les terrains du consultant. Avec les plantes, elle va chercher à établir de nouveaux équilibres durables et pérennes. La notion de consentement et d’adhésion au soin de la part du consultant est clé dans le succès de la démarche thérapeutique.

En effet, le rééquilibrage des terrains pourrait exiger des modifications dans le mode de vie et de fonctionnement de la personne. Hippocrate, qui pratiquait la phytothérapie au Ve siècle, soulignait cet aspect de futur du patient :

“Quand quelqu’un désire la santé, il faut d’abord lui demander s’il est prêt à supprimer les causes de la maladie. Alors seulement est-il possible de l’aider”

Hippocrate, Père de la Médecine, praticien de phytothérapie et prmoteurs de méthodes hygiéno-diététiques au Ve siècle

Autrement dit, ce “quelqu’un” est-il prêt à entreprendre les changement nécessaires pour rééquilibrer ses terrains? 

Mais concrètement, qu’est-ce que la phytothérapie et comment s’y prend-elle pour rééquilibrer les terrains?

II/ La phytothérapie est basée sur le “totum” végétal, et pas uniquement le « principe actif »

En phytothérapie, le totum végétal est supérieur à la somme des parties

La phytothérapie considère la plante médicinale dans sa globalité, et non via ses principes actifs. Les principes actifs, hors de leur contexte chimique et énergétique spécifique, sont modifiés, et deviennent régulièrement inertes… ou toxiques.

Ainsi, la médecine par les plantes va agir sur les terrain de façon tout aussi efficace qu’un principe actif isolé, et avec souvent une meilleure tolérance. “Primum non nocere”!*.

Poussant plus loin ce principe, le phytothérapeute va typiquement utiliser les plantes en synergie. Leurs effets se complètent, se potentialisent, se temporisent. Ceci pour agir en finesse, de façon adaptée à la spécificité du consultant et de ses terrains.

Par exemple, on complètera judicieusement des plantes laxatives fortes (par exemple Rhamnus frangula, la bourdaine) avec des plantes émollientes comme le psyllium blond (Plantago ovata, aussi appelé ispaghul). Ou Althaea officinalis, la douce guimauve, dont les mucilages dits « acides » vont éponger les liquides et ainsi éviter une accélération du transit trop violente (je précise qu’ils ne sont pas acides au goût ; ils sont dit acides car ils sont composés d’acide glucuronique).

* »D’abord, ne pas nuire »!

Les plantes peuvent agir sur plusieurs symptômes simultanément

Le totum de la plante bien choisie peut traiter simultanément plusieurs symptômes. On peut penser à Sambucus Nigra (sureau), dont les sommités fleuries sont utilisées avec bonheur en tisane pour les refroidissements hivernaux.

Elles vont aider l’organisme à combattre l’affection virale directement, tout en renforçant les mécanismes de lutte de l’organisme contre le virus (fièvre par exemple) via des propriétés sudorifiques. Enfin, elles vont soutenir l’action du système immunitaire grâce à des vertus immunostimulantes. 

Le totum du sureau agit donc sur 3 symptômes (infection, fièvre, faiblesse immunitaire) en complémentarité. Un médicament allopathique ne peut pas être tout cela à la fois. La plante, comme totum, le peut. Le totum du sureau, ici, interagit sur les terrains microbien, humoral et immunitaire. 

Les plantes ont le pouvoir d’agir sur plusieurs plans ou niveaux d’une même pathologie

Enfin, le totum est à même d’agir sur plusieurs plans, ou plusieurs maillons connectés d’une pathologie. Une même plante peut ainsi traiter les manifestations… et ses causes. C’est le cas d’Angelica archangelica, l’Angélique, dont la racine est carminative et stomachique… et agit comme relaxante du système nerveux. Or, de nombreuses pathologies de l’estomac (dyspepsie, gastralgies…) ont une composante nerveuse importante. 

Pour finir, la phytothérapie est une pratique holistique qui va rééquilibrer chaque terrain pour soutenir les capacités d’auto-guérison du corps, un organisme où tout est lié. 

III/ La phytothérapie soutient les capacités d’auto-guérison du corps

Le drainage, pratique emblématique de la médecine par les plantes

La phytothérapie a très fréquemment recours à des protocoles drainants. Ceux-ci consistent en une stimulation des émonctoires et des tissus conjonctifs. Dans de nombreuses pathologies chroniques, la détoxification de l’axe foie – rein est une étape essentielle (et parfois suffisante pour relancer une dynamique de guérison). L’idée est de permettre au corps de s’auto-nettoyer, pour mieux fonctionner et rééquilibrer l’ensemble des terrains. 

Reminéralisation et tonification de l’organisme

La phytothérapie a aussi recours à des méthodes de soin basés sur le soutien aux fonctions cellulaires et à la robustesse de la structure du corps : enzymes, oligo-éléments, vitamines, minéraux, ont pour but de redonner les micronutriments nécessaires à un fonctionnement optimal du corps. 

Redonner de la souplesse aux mécanismes adaptatifs du corps

La phytothérapie soutient, voire élargit, la capacité adaptative du corps, en renforçant les mécanismes adaptatifs “lents” (endocriniens) et “rapides” (système nerveux).

Sans doute y a-t-il là une idée de résilience, au sens écologique du terme : un élargissement de la “fenêtre de tolérance” de l’organisme pour assurer un retour à l’équilibre… en toutes circonstances. C’est ce que l’on nomme l’homéostasie. En encourageant les mécanismes homéostatiques, la phytothérapie assure un rééquilibrage durable des terrains. 

En conclusion, on a vu que la phytothérapie est une médecine de terrain, holistique, qui se base largement sur les plantes et le totum végétal pour soigner une personne de façon individualisée, adaptée, et pérenne. 

Il convient de rappeler l’importance que cette pratique thérapeutique accorde à l’adhésion du consultant à son protocole de soin . Les bonnes relations entretenues avec la plante auront autant d’importance dans son efficacité thérapeutique que ses propriétés intrinsèques. C’est donc aussi toute l’approche du soin et de la relation soignant-soigné ou consultant-consulté qui fonde la spécificité de la phytothérapie par rapport à la médecine allopathique. 

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7 Responses

  1. Ma dit :

    Merci pour cet article fort intéressant qui montre bien la puissance de la phytothérapie, médecine millénaire !

  2. emma dit :

    De nombreuses approches, cherchent une pratique holistique. La phytothérapie en fait partie et fonctionne très bien si les indications sont bien posées. Il est vraiment regrettable qu’elle soit autant combattue et que le diplôme d’herboriste ne soit plus reconnu en France. Les pays voisins font encore une fois bien mieux que nous. La phytothérapie fonctionne aussi très bien chez l’animal, toujours dans les bonnes indications, avec le savoir faire du praticien.

    • Bonjour Emma! Merci pour ta lecture toujours intéressante de mes articles. J’aime bien ton regard de vétérinaire sur ces articles, j’ai pu apprendre grâce à toi que les bêtes aussi souffrent d’eczéma. Je sais que pas mal de personnes font de la phytothérapie équine. Depuis l’enfance je rêve d’avoir des animaux et il est clair que j’aimerais être guidée par un professionnel éclairé sur les pratiques de phyto pour les animaux. J’ai failli metionner dans l’article que les animaux aussi sont des as de la phyto. Les abeilles évidemment, mais aussi les singes, et j’imagine que la plupart des espèces a développé des savoirs en la matière ! L’instinct de santé… Au plaisir renouvelé d’échanger 🙂

  3. Sophie dit :

    je trouve que la phyto est une apporte très intéressante. les plantes, bien que naturelles, peuvent être très puissantes et il faut savoir les manier avec précaution. J’ai toujours aimé aussi me balader dans les jardins de plantes médicinales!

    • Merci Sophie pour ce retour! Et oui, la phytothérapie est la première médecine de l’umanité, la plus éprouvée aussi… et aussi, au passage, des sociétés animales qui se soignent instinctivement. AUjorud’hui, science et tradition se croisent pour nous offrir le meilleur de la phytothérapie. Jamais cette médecine de terrain n’a été autant d’actualité! Pour info aussi, les écoles d’herbalisme – nouveau nom d’herboriste – sont d’une qualité extraordinaire, et la formation de 3 ans que je suis est un vrai gage de connaissances, savoir-faires, professionnalisme et éthique. Choisir un herbaliste praticien ou phytothérapeute pour votre santé est un excellent choix, en sécurité!
      Virginie

  4. Merci pour cet article qui décrit et soutient bien la pertinence de l’approche holistique et de la « médecine de terrain » pour compléter l’approche allopathique, principalement anti-symptomatique et évidemment nécessaire dans le cas d’urgence. Dans le chronique, je suis plus que d’accord : la naturopathie et la phytothérapie (qui fait partie des 10 techniques naturopathiques) ont toute leur place pour aller à « la cause de la cause » comme disait Hippocrate, et réguler ce qui a besoin de l’être pour que le dysfonctionnement fonctionnel ne s’installe pas, ni dans le temps, ni dans le lésionnel.
    Merci de mettre en lumière les cadeaux puissants que la nature peut nous faire avec les plantes !

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