LACTOSE, suspect n°1!
Article issu de la série « Crise d’Eczéma Atopique : Comment éteindre le Feu? » (4/…)
Vous avez une peau intolérante. Savez-vous pourquoi? Ou plutôt… à quoi? Dans cet article, on zoome sur le premier suspect majeur : le lactose.
Votre peau est intolérante. Oui, mais… à quoi donc?
Peau intolérante et alimentation : petite introduction
La peau atopique est une peau particulièrement intolérante. On se penche en ce moment sur les causes de cette intolérance. Parce que, en fait, même si parfois votre peau hyper-réactive vous donne l’illusion qu’elle est intolérante à TOUT… en fait il y a fort à parier qu’elle est intolérante à certaines choses.
Quelles choses? Et bien il y a deux grandes familles de « choses » qui ne sont pas les amies de votre peau intolérante : des particules et matières présentes dans votre environnement extérieur… et des molécules présentes dans votre milieu intérieur. Notamment celles qui vous y avez fait rentrer, innocemment, tout simplement… en les mangeant, bien sûr!
Dans l’article précédent et cet article, on parle donc d’un sujet fondamental pour les peaux intolérantes : l’alimentation et les intolérances alimentaires!
On va voir 2 grands suspects alimentaires de votre peau intolérante.
Vous saurez tout (enfin autant que moi haha) sur :
- le lactose
- le gluten (prochain article)…
- comment mener le test des régimes d’éviction dans les règles de l’art pour vérifier si, oui ou non, votre peau est intolérante à ces molécules!
Ici pour lire l’article, plein d’anecodtes personnelles, de la semaine dernière 🙂
Rappel : votre peau est le miroir, ou le tableau de bord, de votre santé globale
Ainsi, être « intolérant » se répercute typiquement sur votre peau. Si vous êtes intolérants, alors votre organe membrane entre vous et le monde, votre peau quoi, a de bonnes chances de l’être aussi.
Aujourd’hui, je vous parle donc de 2 grands suspects alimentaires, auxquels les peaux intolérantes ont tendance à être très intolérantes.
Wanted : lactose et gluten industriel. Bien sûr il en existe 1000 autres. & cet article ne constitue en aucun cas un diagnostic médical. Mais, dans l’alimentation contemporaine, ces 2 éléments sont particulièrement récurrents en terme de maintien d’une inflammation chronique dans l’organisme, qui est une cause importante des pathologies inflammatoires de la peau, avec, en fer de lance, la dermatite atopique (1 enfant sur 5 est touché en France actuellement!)
Wanted #1 : le lactose, suspect des peaux intolérantes chroniques
Intolérance au lactose, définition
“Le lactose est le principal sucre du lait. On ne le trouve d’ailleurs que dans le lait et ses produits dérivés.
https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/intolerance-lactose/definition-symptomes
[A noter que les teneurs en lactose sont sensiblement similaires pour les laits de vache, chèvre et brebis. Les fromages à pâte dure à mi-dure ont des teneurs basses en lactose, de même que le beurre] ndlr.
Le lactose nécessite une enzyme, la lactase, pour être digéré. La lactase, normalement produite par l’intestin, décompose le lactose provenant de l’alimentation en deux autres sucres (glucose et galactose), qui peuvent être facilement absorbés par l’intestin.
Si la lactase est produite en quantité insuffisante, le lactose n’est pas complètement digéré et parvient dans le colon (gros intestin) où il est fermenté par des bactéries. Ce processus provoque la production de gaz (hydrogène, dioxyde de carbone et méthane) dans le gros intestin et crée un appel d’eau dans l’intestin grêle. Il en découle une accélération du transit intestinal avec diarrhées, gaz et douleurs.
Le nourrisson ne souffre que très rarement de déficit en lactase. C’est après le sevrage maternel, ou l’arrêt du biberon, que l’activité de la lactase diminue progressivement. Et ce, dans des proportions très variables selon les individus. Certains adultes conservent une activité lactase proche de celle d’un nourrisson et d’autres ont un taux de lactase qui diminue beaucoup avec l’âge.”
https://www.lactolerance.fr/fr/content/87-teneur-en-lactose-des-produits-laitiers
Intolérance au lactose : l’hérédité
Vivant en Asie, je ne peux m’empêcher d’ajouter une précision. En fait, la synthèse de cette enzyme de dégradation du lait est dépendante d’un gène… qui a une histoire. Les populations qui descendent de peuples éleveurs à partir de l’époque du néolithique disposent du gène. Ben oui, on s’est adapté… mais tous les peuples n’ont pas élevé de bovins, notamment en Asie Orientale et du Sud-Est. Donc la présence du gène permettant la synthèse de la lactase est beaucoup moins répandue en Asie. Et même dans les populations occidentales, ce gène n’est pas exprimé à 100%.
On a vu que l’âge impacte la sécrétion suffisante de lactase, permettant de digérer le lactose ; c’est également le cas du terrain héréditaire! Ainsi, votre âge et votre origine géographique peuvent être en cause dans votre peau intolérante, par répercussion, au lactose.
Prévalence de l’intolérance au lactose
Il est difficile d’obtenir des chiffres exacts sur la prévalence de l’intolérance au lactose puisque la plupart des statistiques proviennent de données déclarées par les gens.
Les estimations situent le taux mondial d’intolérance au lactose à environ 65 à 70 % (excusez du peu!)
badgut.org, site de la societe canadienne de sante intestinale
« Cependant, les taux varient considérablement en fonction de l’ethnie, si vous avez bien lu, avec seulement 5 % des Européens du Nord et jusqu’à 90 % des Asiatiques de l’Est présentant une intolérance au lactose. Dans l’ensemble, l’intolérance au lactose est moins courante chez les personnes d’origine européenne et plus courante chez les personnes d’origine africaine, hispanique ou asiatique« , badgut.org.
Vu mon passif avec les produits laitiers, voir article précédent de la série, peut-être que je n’ai pas ce gène?! Ce serait fou, une de mes branches familiales proches étant précisément des éleveurs fromagers de lait de vache… fabricant un excellent fromage des Alpes, le Beaufort… dont je me passe aujourd’hui bien volontiers, vu les améliorations que cette “privation” m’apportent en terme de bien-être intestinal et cutané!!
J’avais lu quelque part (désolée pour la source, ma mémoire me fait défaut… qu’est-ce que ce sera à 50 ans, si ça commence à même pas 30, hahaha) un truc assez drôle :
“On est quand même la seule espèce animale qui, pensant assurer sa survie, se fait allaiter à vie à la mamelle d’une autre espèce de mammifère”!
Source oubliée, desolée! 🙂
Ça fait réfléchir, non? Et tester le régime d’éviction des produits laitiers semble un compris raisonnable pour dire « ciao » à votre peau « intolérante à tout » et peut-être faire peau neuve, vous ne trouvez pas?
Conseils de nutrition sans lactose
Si ça peut vous rassurer, il est relativement facile d’être en bonne santé même sans produits laitiers.
On a toujours peur de manquer de calcium, mais sachez par exemple que la biodisponibilité du calcium est loin d’être excellente dans le lait de vache. Environ 30% du calcium présent dans le lait de vache, seulement sont absorbés… Donc ça nous fait une belle jambe, en un sens, qu’il en contienne beaucoup, si on n’en profite que peu! Je vais vous donner quelques exemples d’équivalence, d’ailleurs issus du site d’un lobby laitier (voir ici pour info), donc pas de lézard sur les chiffres, qui doivent être plutôt pro-laits, haha (!)
Apport en calcium d’aliments ayant une biodisponibilité du calcium >50%, à savoir : le pain de blé entier (82%!!), le chou chinois, brocolis :
On retiendra que par exemple, 2 tranches de pain de blé complet par jour, accompagné d’une portion de brocoli et de chou chinois vous apporteront plus de calcium qu’une grande mug ou un bol de lait…
https://www.savoirlaitier.ca/nutriments-laitiers/le-calcium/calcium-et-biodisponibilite
… Soit plus de 100 mg (on est, ceci dit, encore loin du compte, l’AJR – apport journalier recommandé – étant de 800 mg minimum pour un adulte).
Il faut en effet bien veiller à pourvoir ses besoins calciques chaque jour… notamment en cas de peaux intolérantes et touhcées par la dermatite atopique. Une de mes clientes de Kobido japonaise, souffrant d’un eczéma atopique extrêmement sévère, m’a en effet appris récemment l’existence de travaux de recherches intéressants au Japon, menés par une chercheuse… Qui cherche, donc (!) et trouve des choses inédites sur l’eczéma atopique. Son travail tend à démontrer un lien inédit entre manque de calcium et eczéma. Cette chercheuse (dont je n’ai pas le nom, mes excuses pour cette info non sourcée dans les règles de l’art!) montre en particulier une décalcification dans les régions osseuses proche de la région intestinale, le bassin par exemple, et l’eczéma atopique. La localisation de ce manque de fixation du calcium, autour de la région intestinale, reflèterait un lien entre problématique d’absorption du calcium et eczéma.
Alors un conseil : faites un régime d’éviction pour tester l’intolérance reflétée par votre peau au lactose, et si ce test est concluant, entamez un régime riche en calcium pour éviter toute carence. C’est super important! Faites-vous typiquement accompagner par un praticien connaisseur de ces sujets. Nutritionnistes, évidemement, mais aussi herboristes (je pêche pour ma paroisse 😉 ), formés en nutrition et phytothérapie.
Peau intolérante et régime d’éviction
Qui de la durée d’éviction?
Ca dépend de ce dont on veut attester grâce aux symptômes cliniques des effets de l’éviction. Or, évidemment, et il existe une durée unique pour chaque test d’éviction.
Ainsi, pour témoigner des effets de l’éviction du lactose sur votre peau intolérante, grâce à une atténuation de votre eczéma ou une peau moins réactive, par exemple, vous aurez besoin de :
10 jours + 21 jours = 31 jours en moyenne. Comptez 5 semaines pour être large.
Ces 10 jours correspondent au temps nécessaire à votre organisme pour évacuer le lactose dans votre corps, notamment en cas de fermentation anormale dans votre gros intestin, lorsque vous le digérez mal.
Les 21 jours, quant à eux, correspondent à la durée moyenne de renouvellement cellulaire de l’épiderme. C’est donc la durée nécessaire, une fois tarie la source de dysfonctionnement digestif répercuté sur votre émonctoire Peau… pour faire peau neuve! et oberver si oui ou non, le lactose est un responsable de votre peau intolérante.
… en se rappelant toujours que l’eczéma c’est multi-factoriel… donc un facteur peut en cacher un autre! SI vous avez un doute à l’issue de votre premier test, réintroduisez (doucement) le lactose, pour réitérer l’expérience quelques mois plus tard (par exemple pendant une autre saison, car les peaux intolérantes sont très fréquemment impactées par des cycles saisonniers!)
A la semaine prochaine pour l’article sur le deuxième suspect alimentaire majeur des peaux intolérantes : le gluten!
A votre meilleure santé, les wHoUman!
Merci pour cet article vraiment intéressant. J’ai fait beaucoup d’eczémas étant petite puis à 3 ans j’ai refusé de boire du lait de vache. Ma mère a donc essayé d’autres lait et l’eczéma est parti… J’ai également une peau à tendance acnéique (à presque 40 ans) et c’est encore une fois lié à ma consommation de produits laitiers. J’avais toujours pensé que c’était hormonal, jusqu’à ce que je consulte une naturopathe. Depuis que j’en ai pris conscience, je fais attention à ce que je consomme et ma peau va beaucoup mieux!
Hello Sophie! Merci beaucoup pour ton témoignage! Ohhh waou dis donc, super intéressant que tu aies de ton propre chef arrêté de boire du lait de vache à 3 ans! Je suis persuadée que les enfants ont accès à une forme très instinctive de santé. Nous aussi, mais parfois il nous faut désapprendre certaines habitudes ou idées reçues, ou réapprendre à écouter son corps et ses besoins plus instinctivement. Ton expérience montre bien que ton corps à su, instinctivement, ce qui te faisait du bien – ou du mal en l’occurrence. Merci aussi de mentionner l’acné. Je focalise beaucoup sur la dermatite atopique, mais l’acné, même si c’est un peu le « symptôme inverse » de l’eczéma (sécheresse, manque de sébum), peut parfois avoir des causes communes. C’est un autre type de réaction inflammatoire de la peau. L’eczéma est une inflammation cellulaire et inter-cellulaire de l’épiderme principalement, quand l’acné est une inflammation plus localisée, du folicule pilo-sébacé. Ca va dans le sens d’une approche holistique et non symptomatique exclusivement, car selon le terrain de chaque personne, les mêmes causes… n’auront pas les mêmes effets! super intéressant comme témoignage, merci 🙂